— Tribune de Félix Relautte —
Un jugement du tribunal d’instance de Fort-de-France relance la question du fait syndical martiniquais. Ce jugement signale que l’absence d’invitation de la CDMT à la réunion pour adopter un protocole d’organisation des élections professionnelles n’est pas une cause d’invalidation de ces élections. Ce serait le cas si la CDMT était une organisation représentative “ au niveau national” c’est-à-dire en France. Maitre Mauzole, avocate de la CDMT en la circonstance a eu beau fournir les preuves de l’évidente représentativité de la CDMT dans le secteur concerné (l’hôtellerie) rien n’y a fait. Si les élections au Club Med ont été malgré tout annulées c’est parce que deux autres syndicats (la CSTM et la CGTM/FSM), retardataires dans le dépôt de leurs listes, n’avaient pas accepté que FO soit le seul syndicat à être en lice et donc avaient placé des bulletins réalisés par leurs soins le jour du vote comme cela se fait assez souvent. Le tribunal a refusé cette pratique pourtant établie par l’usage et même par un arrêt de la Cour de Cassation. Les élections seront donc refaites mais pas comme la direction le souhaitait (c’est-à-dire avec le seul syndicat FO). Cette décision finale du tribunal permettra dans les faits que la démocratie s‘exprime, ce dont nous nous félicitons, mais avalise une argumentation inacceptable : il y donc bien dans ce pays des syndicats plus égaux que d’autres ! Malheur à ceux qui ne sont pas affiliés à une organisation française ! Nous devons à la vérité de dire que le patron du Club Med, Monsieur Yann Monplaisir s’est clairement et fortement positionné contre ce déni de démocratie. Cela ne rend que plus étrange l’oubli de la CDMT dans la liste des syndicats appelés à signer un protocole.
Chacun appréciera mais tout le monde comprend que le maintien de cette honteuse discrimination est un facteur de désordre dans les rapports sociaux dans l’entreprise. C’est bien pourquoi la grande majorité des organisations syndicales et patronales de Martinique ont adopté une “position commune” réclamant de l’État la fin de cette anomalie. Le seul problème résiduel c’est que, s’agissant des écuries coloniales, l’État n’est pas pressé.
Et dire que nous avons des députés pour leur rappeler que les nègres attendent…
Felix Relautte