Exposition itinérante de bande dessinée sur les Monuments Historiques de la Martinique
— Dossier de presse —
Luko. Auteur de BD, né à Fort-de-France (Martinique), il vit en région parisienne. Ancien élève de l’Iconograf, un centre d’enseignement à l’image narrative, il a été lauréat au concours international Raymond Leblanc en 2007 et 2008.
Après deux expositions collectives à Bruxelles, l’album de bande dessinée « Lé Zitata – Premier Pas » pour Ibis Rouge Édition (en cours d’adaptation au théâtre), la participation à différents événements et séminaires, il réalise « De Pierres et de Planches », l’exposition BD sur les Monuments Historiques de Martinique.
L’exposition bédéïsée du dessinateur martiniquais Luko « De Pierres et de Planches » consacrée aux Monuments Historiques de la Martinique, et co-réalisée avec la Direction des Affaires Culturelles – Ministère de la Culture & de la Communication, s’inscrit dans ce lien transversal entre patrimoine et création artistique, dynamique dans laquelle s’ancre le projet du CCR Domaine de Fonds Saint-Jacques, Lieu patrimonial à vocation culturelle, soucieux d’interroger les legs du passés & de stimuler les imaginaires.
Cette oeuvre de l’artiste Luko, véritable célébration du 9e Art, nous plonge dans le récit version BD, d’une grande diversité de Monuments Historiques emblématiques de la Martinique, ceux-là mêmes qui dévoilent, sous son trait de crayon, toutes leurs splendeurs & leurs histoires singulières comme pour nous rappeler que cette mémoire du passé nous permet, à travers la création contemporaine, de dresser un pont vers l’avenir.
« De Pierres et de Planches » vient nous (ra)-conter avec une nouvelle approche de représentation graphique, le Patrimoine monumental & architectural de la Martinique et nous dire combien, loin d’être fi gé, il est vivant & mouvant.
L’objectif de bédéïser les Monuments Historiques de Martinique posait la question de ce que l’on entend par « bédéïser ». Ce terme (peu répandu et d’ailleurs essentiellement employé dans le milieu de la bande dessinée) fait référence au monde de la BD et donc à la façon de scénariser des histoires et de les dessiner en respectant les codes narratifs propres à l’univers du 9e Art. L’univers de la BD comprend deux catégories : les strips (histoires très courtes racontées en trois ou quatre vignettes) ou l’album de bande dessinée traditionnel, qui raconte une longue histoire. L’objectif était de produire des planches qui raconteraient une histoire longue où il serait possible de zoomer sur ce que raconte chaque monument individuellement.
L’expression de chaque monument pourrait autant être celle de son histoire propre que celle de l’atmosphère qui s’en dégage aujourd’hui. En ce sens, hormis la trajectoire entreprise par le protagoniste du scénario global, chaque planche affiche son indépendance aux autres en racontant différemment, que ce soit par le ton narratif (inspiré des BD historiques, d’aventure, etc.), ou par le genre (planche d’introduction, illustration…). Le découpage de l’histoire individuelle de chaque monument serait celui de la catégorie des strips (maximum 4 vignettes par planches), chaque vignette bénéficiant d’un style graphique identique et d’un espace narratif propre à la catégorie des albums de BD.
Mais ce mot nouveau, « bédéïser », poussait aussi la réflexion sur ce que l’on est en droit d’attendre d’une telle approche de représentation graphique des Monuments Historiques martiniquais. L’approche est nouvelle, il s’agissait alors de la faire correspondre à un regard neuf, porté sur ces monuments.
Un regard nouveau sur des monuments qui, en raison de leur histoire, parlent d’eux-mêmes. Car ce qu’ils racontaient du temps de leur construction, n’a plus la même teneur du temps de leur survivance.
Dans ce contexte, le texte et les dialogues que l’on trouve habituellement dans la bande dessinée devenaient bruyants et inutiles. Ils devaient céder le pas au silence, pour permettre l’expression d’une pensée commémorative.
Une pensée commémorative couplée d’un regard nouveau permet l’acceptation d’un fait, d’une réalité concrète : les monuments de l’histoire martiniquaise sont cette mémoire du passé dont nous avons besoin pour construire l’avenir.
Il ne s’agissait donc pas de les détruire avec un style graphique très épuré, ni de les abstraire en les plaçant en tant que décor dans un univers méconnaissable, encore moins de les réhabiliter par le biais d’un dessin architectural, mais de leur redonner vie grâce à un entre-deux graphique accessible à chacun.
Les moyens employés pour mettre en oeuvre cette représentation seraient eux aussi dans un entre-deux et donc autant traditionnels que modernes : il fallait alors utiliser le crayon et l’encre de chine, ainsi que les feutres et les aquarelles mais aussi les bitmaps (couleurs numériques) légèrement désaturées et viellies pour amplifier ce que disent aujourd’hui chacun des monuments représentés.
Le choix de ceux-ci devait autant être fait par rapport à ce qu’ils racontaient qu’à leur esthétique, et pour aider à faire entendre qu’ils sont cet entre-deux temporel, ils ne pouvaient devenir de simples décors mais se révéler comme des lieux anciens grâce auxquels l’action est rendue possible.
Des lieux anciens mais vivants, qui répondraient à l’appel par leur nom car après tout, ne préfère-t-on pas voir que ce que l’on veut bien voir ? L’exposition « De Pierres et de Planches » affiche l’expression de cette interrogation autour des monuments historiques martiniquais.