— Par Louis-Joseph Manscour, député européen —
En tant que responsable politique et élu martiniquais, je ne puis rester impassible face à cette dégradation constante et sans fin du climat politique, qui ternit l’image de notre pays et, pire encore, disqualifie au passage, la classe politique et bafoue la démocratie, la politique et les hommes politiques martiniquais.
Depuis ce mémorable 13 décembre 2015, je me suis tu. Certainement parce que je me suis senti, coupable de ce que l’on ait pu obtenir de moi ce que ma raison réprouvait ; ou que je me sentais comptable de cette perte de confiance, que le peuple martiniquais, avec enthousiasme, nous avait accordée, nous, membres d’EPMN. Depuis ce mémorable 13 décembre 2015, dans ce tinta-marre politico-médiatique, on est loin du débat d’idées, des conceptions démocratiques, des projets politiques pour la responsabilité martiniquaise. Tout se passe comme si les protagonistes du 2e tour, continueraient l’affrontement, oubliant par la même, le sens des responsabilités et l’intérêt supérieur de notre pays.
Dans un tel contexte, notre actualité est ponctuée dans les médias et les réseaux sociaux, de querelles entre perdants et vainqueurs, faisant fi de l’intérêt supérieur du pays-Martinique.
Refuser de faire le deuil d’une défaite électorale inattendue, spéculer sur des stocks de provisions d’espoir, décimés sur des gisements d’illusions, sont tout autant regrettables, voire dangereux pour la démocratie, que de croire qu’une victoire électorale, fût-elle nette, ferait de celui qui l’incarne, un potentat.
Le peuple martiniquais pris en otage
Raisonnablement, les questions portant sur le lycée Schoelcher ou le lycée de transit ; le financement et la mise en route du TCSP ; l’existence d’un déficit réel ou supposé des collectivités régionale/ départementale, pourraient être traitées loin de ce déballage confus, démagogique et stérile déversé dans l’opinion publique! Un tel climat délétère et de déstabilisation, est inacceptable et ne saurait durer davantage. Les enjeux pour notre pays, déjà fragilisé, sont trop importants, et les risques de blocage bien réels! Dans ce bras de fer, c’est le peuple martiniquais qui est pris en otage. Dans ce bras de fer, c’est la Martinique qui est à l’arrêt et ce sont, encore, les plus faibles qui trinquent.
Dans ce bras de fer, c’est notre jeunesse, dont l’avenir inquiète, qui est pénalisée!
Je lance un appel aux uns et aux autres. Je nous invite, à plus de conscience politique, à plus de hauteur de vue, au moment où nous allons fêter le 22 Mai, qui symbolise la naissance du peuple martiniquais.
Je nous invite à respecter le sacrifice qu’ont consenti des générations d’hommes et de femmes de progrès, des esprits éclairés, qui ont revendiqué la dignité, le progrès et l’émancipation du peuple martiniquais. Il faut que cesse définitivement cet affrontement politico-électoral. Il faut se mettre au travail, pour faire gagner la Martinique! Respectons le verdict des urnes du 13 décembre 2015 afin de permettre à l’équipe élue démocratiquement, de mettre en oeuvre son projet de gouvernance. Dans un pays où, derrière les apparences de modernité et de richesses, il y a tant de difficultés, tant d’inégalités, tant de souffrances, tant de désespérances des jeunes et de personnes âgées, nous ne saurions permettre de laisser perdurer un tel climat politique, suicidaire pour la Martinique.
Louis-Joseph Manscour, député européen