— Par Guy Gabriel —
Le gang des Antillais de Jean-Claude Barny ; avec Djedje Apali, Ericq Ebouaney, Adama Niane, Zitat Hanrot, Vincent Vermignon, Romane Bohringer, Jocelyne Berorard
Nous sommes dans les années 70 le BUMIDOM (Bureau pour le développement des Migrations des départements d’Outre-Mer) promet de favoriser l’insertion des français des DOM-TOM et de la Réunion dans ce qu’on appelle la Métropole ; Jimmy Larivière, arrive à Paris pour se faire sa place au soleil ; sauf qu’il ne parvient pas à la trouver dans cette société ; c’est d’autant plus ennuyeux qu’il a une petite fille avec qui il ne sait même pas où dormir. Sa rencontre avec un groupe de trois jeunes antillais va l’entraîner dans une série de braquages retentissants.
Jean-Claude Barny s’attaque, par le biais d’un film de braquages (à l’américaine) efficace, à une page de l’histoire antillaise qui raconte celle, vraie, de jeunes gens qui sont le reflet des dommages collatéraux de la politique française dans ses département ultra-marins. Le gang des antillais arrive à trouver l’équilibre qu’il faut entre grande histoire et les histoires personnelles ; des histoires personnelles qui montrent l’avortement du miroir aux alouettes que le Bumidom a été pour bien des jeunes, qui ne demandaient qu’à vivre le rêve qu’on semblait leur proposer.
Le film, au-delà d’un scénario bien structuré, sait mettre en valeur des comédiens au sommet de leur forme, qu’il s’agisse de Djedje Apali (Jimmy), dont le personnage est, à la fois fort et fragile, de Ericq Ebouanney, malfrat sans concession et le martiniquais Vincent Vermignon (déjà très convaincant dans Society, l’excellent court-métrage de Kris Burton).
Mais on ne serait complet, si on oubliait les personnages féminins qui vont tenter de mettre de l’ordre dans les idées de ces hommes déterminés dans leur descente aux enfers, avec, en tête La superbe Zita Hanrot (déjà présente dans le Téléfilm Rose et le soldat), meilleur espoir féminin pour son rôle dans le film de Philippe Faucon Fatima (lui-même césar du meilleur film en 2015), notre Jocelyne Beroard en marraine attentive et inquiète (qui confirme ses talents de comédienne), Romane Bohringer, la Zorey de service qui va payer pour les autres.
Le film confirme également le sens du récit de J-C Barny, récit engagé et qui sait capter la douleur que nos sociétés doivent affronter pour exister c’était déjà vrai dans son premier long métrage Neg’marron .
Le film est l’adaptation du livre de Loïc Lory et permettra à beaucoup de découvrir un autre Patrick Chamoiseau que l’auteur à succès bien connu, dont le personnage est campé par Lucien Jean-Baptiste.
Le gang des antillais est une plongée dans une France désenchantée, où l’idéalisme remplace la logique et fait le lit de la révolte, mais qui laisse place à l’amitié, la trahison, la violence et même l’amour.
Guy Gabriel