Samedi 8 juin 2019 à 19h Maison de la Culture La Trinité
D’après « Le Costume » de Can Themba
Avec :
Jean-Michel Dubray : Maphikela
Lucette Alonzeau : Narratrice
Pierre Florent : Philémon
Nicole Percin alias Nikita : Mathilda
Murielle Rondel : Ma Rose
Années 1950 en Afrique du Sud, en plein cœur de l’apartheid. Comme des millions d’autres noirs, Philémon vit dans la misère – il n’y a pas de vitres à Sophiatown mais des cartons avec des trous dedans, résume-t-il. Pourtant, Philémon est un homme qui a trouvé une forme de bonheur, notamment grâce à sa femme, Tilly, dont il est éperdument amoureux. Un jour, alerté par un ami, il rentre plus tôt du travail et surprend son épouse au lit avec un autre. L’amant déguerpit sans demander son reste, laissant derrière lui son costume. Philémon impose alors à sa femme une étrange punition : ils vivront désormais avec ce costume qu’elle devra traiter comme un invité de marque.
Ce conte tragique campe les protagonistes victimes de la fatalité, voilà que l’accessoire devient personnage, héros vide d’un monde qui se raccroche à l’enveloppe des choses. : le costume de l’amant se met à vivre entre Philémon et Matilda les deux personnages du couple, objet animé, devenant marionnette pour mieux dénoncer la théâtralité des rapports humains fondés sur l’artifice, mais qui peut pourtant conduire à la mort. Un lit, quelques portiques de penderie, une table, une chaise et une natte ; le dénuement des artifices théâtraux répond au dénuement d’une société des Townshhips qui n’a que l’amour pour se construire et dont la tragédie naît quand la trahison s’insinue au coeur même de l’existence, quand l’armature des sentiments, dont on croyait qu’ils pouvaient, faute d’aisance matérielle, servir de toit et édifier le bonheur, se dérobe. Alors ce qui n’aurait pu être que déception ou dépit fait place au sadisme et à la cruauté, et ce qui n’aurait pu n’être qu’un jeu sans conséquence, se transforme en une entreprise de destruction de l’autre. Matilda meurt. En convoquant le fantôme de la faute, Philémon a réincarné la culpabilité et l’humiliation dont se meurt tout un peuple. La fatalité ? C’est le Township.