— Par Dominique Daeschler —
Petit coup de massue en introduction : sur scène Phia Ménard, metteuse en scène, assène « je te claque la chatte »et s’en va. Ce n’est as la peine de la traquer sur les questions du genre de de l’indiscipline. Son discours et son œuvre sont telluriques.
Emprisonnés dans une boîte aux hauts murs, au plafond qui remonte ou descend, sept femmes vêtues d’une robe sac informe errent, cherchant la faille qui détruira la maison patriarcale. Le jeu n’est pas égal : d’un côté la force d’un pouvoir ancestral reconnu par la société, de l’autre une volonté de libération qui conduit à la construction politique de revendication de la liberté. De l’individu à la bande, de la bande au groupe, une maturation se fait en place. Le corps, objet politique, est nu, peint, déguisé en homme avec férocité et humour, pastichant sa place et son rôle dans une société aux désirs ajustés à la norme.
A chaque pensée une image forte et une recherche plastique, se jouant des clichés pour filer la métaphore avec les moyens de la danse, de l’acrobatie, de la performance. La mise à l’épreuve, l’initiation, l’indépendance et la solidarité, la méfiance, les tentations de pouvoir sont pointées dans le mouvement incessant des corps en lutte. C’est à son tour le décor qui se fatigue, craque, explose crache sa bile, se donne en spectacle, seul, dans l’apocalypse où les néons se décrochent. La musique tonitrue sur cette fin d’un monde. Derrière le squelette du décor, des corps nus différents car renaissants.
Phia Ménard dans une intelligence et une maitrise aigues des « disciplines » (!) artistiques mises au service de la mise en scène et de la scénographie, retourne comme un gant le mot indécence. Comprenne et aime qui osera.
Dominique Daeschler