Texte de Simone Schwartz-Bart / m.e.s. Maud Galet Lalande
— Par Dominique Daeschler —
Wilnor dans sa « cage » en tiges de bois nous longe en voyeur dans la réalité de sa pauvreté, réalité loin de son rêve d’une maison à colonnades. Loin de chez lui, il fait partie de ces immigrés séparés de leur famille qui envoient de quoi vivre chaque mois. Il correspond par cassettes avec marie Ange la bien nommée dont le traitement en mapping vidéo accentue encore la distance la part rêvée.
Le beau texte de Simone Schwarz Bart est célébré avec simplicité, magnifiant les trouvailles de la langue créole qui crie l’absence, la séparation, la reconstitution et nous interroge tous, exilés ou non, sur la construction de l’amour. Une mise en scène épurée joue de ce donné et de ce fabriqué, du dedans, dehors comme d’un espace symbolique. Wilnor est à la fois naïf et petit joueur dans le mensonge. Marie Ange triche aussi jusqu’à la preuve (l’enfant) de l’adultère. Le dialogue se perd, se renoue dans l’impossibilité d’accepter les réalités auxquelles l’un et l’autre sont confrontés. Il y a de l’orgueil, de la colère, de l’humilité, du désarroi, du déni chez ces deux personnages qui d’une certaine façon sont traités en miroir par la mise en scène. Quand l’aimée devient une image qui grandit, obsède le seul choix est de sauver sa peau s’il est encore temps.
Lamine Diarra donne ses lettres de noblesse à Wilnor qui reprend un espace de liberté et de distanciation avec la danse et le chant (il faut sans doute encore doser la durée). Mariam Dembélé donne une image juste de marie Ange – qu’il faut prendre au propre et au figuré- le procédé accentuant la résignation finale. Restent deux corps souffrants, dans l’immobilité ou le mouvement, qu’aucune décision ne délivrera vraiment. Avec justesse et sans fioritures le metteur en scène nous convie à en faire bagage.
Dominique Daeschler