Festival du film documentaire
Mercredi 12 novembre à 19 h B.U du Campus, Ravine Touza, Schoelcher
Un film de Florida Sadki, 2004 – France – 52 minutes – Médiathèque Alfred Melon-Dégras
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Pendant la Première Guerre mondiale, l’armée française manquant de soldats, enrôla 134 000 Africains dans ses rangs. Le film retrace les principales opérations militaires françaises, sur le front occidental, en soulignant cet aspect parfois méconnu. Pendant la bataille de Verdun, de nombreux tirailleurs sénégalais périrent. Il évoque le courage de ces soldats, le mode de recrutement en Afrique, l’ambiguïté du discours colonial républicain oscillant du paternalisme au goût de l’exotisme. Ainsi la république utilise-t-elle l’image du « bon Noir » pour l’opposer à la « barbarie » ennemie. Il montre aussi la réaction raciste des Allemands et des Alliés critiquant une France défendue par des « Nègres », s’interroge sur les relations qui existaient entre les Noirs et les « poilus » au front, sur les tensions entre la population et les Africains quand, à l’Armistice, la Rhénanie fut occupée.
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À l’issue de la guerre, peu d’entre eux ont obtenu de véritables promotions militaires⋅ Bien que Blaise Diagne, premier député noir à l’Assemblée nationale, réussit à faire voter une loi conférant la citoyenneté française aux Sénégalais incorporés dans l’armée, peu y accéderont⋅
Déçus par les promesses non tenues, certains Africains vont alors se tourner vers des mouvements indépendantistes dans leur pays.
Le film commence et se termine par le témoignage de Jean-Pierre Koita évoquant la mémoire de son père, Demba Koita, qui venu du Sénégal à l’âge de 16 ans combattit pour la France pendant quatre ans.
Puis, une voix-off présente les évènements non sans lyrisme tandis que des paysages calmes et harmonieux des lieux de bataille, des mémoriaux, les longs couloirs des tranchées transformées en musée, apparaissent sur l’écran, alternant avec de nombreuses images d’archives.
Quelques spécialistes interviennent afin d’analyser certains points précis. Eric Deroo et Jean-Yves Le Naour étudient particulièrement la campagne raciale des extrémistes allemands, Marc Michel parle du recrutement, Philippe Dewitte de la démobilisation et Evelyne Desbois, ethnologue, raconte les rapports Noirs-Blancs dans l’armée.
http://www.film-documentaire.fr/Dans-tranch%C3%A9es,_Afrique-aventure_ambigu%C3%AB.html,film,27187
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En 1914, le cinéma est encore un art jeune. Pourtant l’État s’en saisit très vite pour en faire un outil de propagande et crée en 1915 le service cinématographique des armées. Après les images enthousiastes des premiers jours de mobilisation, la violence du conflit n’est plus montrable. La contrainte de la censure éloigne donc toute pellicule du front. Les caméramans ne sont pas autorisés à approcher le quotidien des soldats et sont obligés de mettre en scène les batailles. Les seules images réelles autorisées sont des vues de remise de médaille ou de soldats soignés dans les hôpitaux militaires, images destinées à rassurer l’arrière. La guerre n’est donc montrée qu’au travers de fictions patriotiques qui valorisent l’effort de guerre et représentent les combattants comme des héros.
Outre ces images filmées, d’autres types de documents vont faire office de témoignages : du front, les soldats écrivent beaucoup de lettres, rédigent des journaux intimes, dessinent dans des cahiers, prennent des photos. Des millions de cartes postales seront envoyées.
Ainsi entre les archives militaires, les écrits personnels, mais aussi les récits des « anciens » poilus qui en sont revenus, le cinéma documentaire a su s’emparer de cette diversité de traces.
S’associant souvent au regard aiguisé et expert de l’historien, les documentaristes d’aujourd’hui utilisent ce matériau privilégié et inédit pour dire l’indicible, montrer la souffrance de ces quatre longues années et permettre aux jeunes générations de mieux comprendre cette guerre. Images réelles, fiction et cinéma d’animation se mélangent, les archives filmées sont colorisées, du son est monté sur des séquences muettes, des spécialistes et protagonistes sont interviewés … le cinéma documentaire s’invente un genre où le didactique rencontre le politique, où l’analyse côtoie l’émotion.
Dans les tranchées, l’Afrique : l’aventure ambiguë
Un film de Florida Sadki
2004 – France – 52 minutes