les 6 & 8 décembre à la CTM et sur le campus.
Le mois de décembre 2016 marquera les 55 ans de la disparition de Frantz Fanon. Cet anniversaire donnera lieu à une série de manifestations organisées par la Collectivité Territoriale de Martinique en collaboration avec l’association KM2-Krey Matjè Kréyol Matinik ( Association d’Ecrivains Martiniquais). Olivier Fanon et Mireille Fanon-Mendès France, les enfants du psychiatre et militant anticolonialiste, ainsi que Mourad Yelles, professeur des universités en littératures maghrébines et comparées à l’INALCO, seront les invités d’honneur de ces manifestations dont le temps fort aura lieu, le mardi 6 décembre en soirée, à l’Hôtel de la CTM, à Plateau Roy (FDF,Cluny).
Comme il se doit, le campus universitaire de Schoelcher apportera sa contribution à cet hommage à travers l’organisation, jeudi 8 décembre de 18h à 19h30, à l’amphithéâtre Frantz-Fanon, d’une rencontre-débat ouverte à tous, où Mourad Yelles et le sociologue martiniquais André Lucrèce, sous le titre « Aliénation et dépossession : actualité de Frantz Fanon », considéreront la portée et la permanence de la pensée fanonienne. Pour sa part, la bibliothèque universitaire présentera dans ses locaux une exposition des ouvrages et travaux de et sur Frantz Fanon ; dores et déjà, nous vous proposons ci-dessous quelques repères dans ce vaste champ bibliographique.
Parmi ces ouvrages, citons Les damnés de la terre. Souvent résumé à la fonction d’appel au soulèvement révolutionnaire, Les damnés de la terre, publié en 1961, est surtout une vaste réflexion politique et pratique – sans concessions ni complaisance à l’égard des pouvoirs naissants d’alors comme à l’endroit des ex-puissances coloniales- où Fanon s’intéresse longuement, en psychiatre aguerri, aux effets psychologiques du colonialisme (chez les dominés comme chez les oppresseurs, d’ailleurs), en même temps qu’il dresse, comme militant clairvoyant et éprouvé, des perspectives pour le Tiers-Monde émergeant. Entre une France toujours aux prises avec son passé colonial et des révolutions tiers-mondistes aux espérances dévoyées, la parole de Fanon, longtemps maintenue sous le boisseau, demeure aujourd’hui encore de l’ordre du dérangeant.
Avec cinquante ans d’avance, la citation qui suit, forte et salutaire leçon de volontarisme politique, semble avoir été taillée sur mesure pour notre époque et nos sociétés en plein désenchantement idéologique et culturel : « On croit souvent en effet, avec une légèreté criminelle, que politiser les masses, c’est épisodiquement leur tenir un grand discours politique. On pense qu’il suffit au leader ou à un dirigeant de parler sur un ton doctoral des grandes choses de l’actualité pour être quitte avec cet impérieux devoir de politisation des masses. Or, politiser c’est ouvrir l’esprit, c’est éveiller l’esprit, mettre au monde l’esprit. C’est, comme le disait Césaire « inventer des âmes ». Politiser les masses ce n’est pas, ce ne peut pas être faire un discours politique. C’est s’acharner avec rage à faire comprendre aux masses que tout dépend d’elles, que si nous stagnons, c’est de leur faute, et que si nous avançons, c’est aussi de leur faute, qu’il n’y a pas de démiurge, qu’il n’y a pas d’homme illustre et responsable de tout, mais que le démiurge, c’est le peuple et que les mains magiciennes ne sont en définitive que les mains »…
Pour la conférence comme pour l’expo à la BU, entrée libre et gratuite ; venez nombreux !