Mémoire des Maisons closes
Le poème est chose étrange, mon ange
Écoute, en mon cœur, il traîne les pattes et me griffe
Le Temps des Cerises a eu la bonne idée de rendre accessible au public français ce recueil (1) publié originellement en Haïti (éd. Bas de Page, 2012) qui se compose de deux ensembles, Marelle et Alphabet, écrits, nous dit l’auteur, respectivement dans la « maison close » de ses parents à Port-au-Prince et celle de son premier domicile conjugal à Kingston, suivis d’un Supplément. Né en 1979 en Haïti où il occupa un moment la fonction de directeur du Livre, Faubert Bolivar enseigne désormais la philosophie à la Martinique. Il est non seulement un poète, auteur en particulier de la prose poétique Sainte Dérivée des trottoirs (2014), mais encore un dramaturge récompensé par plusieurs prix.
Les deux premières parties sont composées de textes brefs, sans titre, on vient de lire le plus court qui se résume à deux lignes. Des poèmes qui disent souvent les affres de l’amour :
Déchire-moi
chiffonne-moi
je suis douleur
Amour et écriture se conjuguent chez le poète (Tu joues dans mes mots / et mes ombres…) bousculant, s’il le faut, la syntaxe :
… je n’ai rien d’autre que l’amour
mais, la langue morte des nuits vieillissant la bouche
en quatre morceaux de murmure…