— Par Mathilde Durand —
52 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, depuis le 1er janvier 2019. Des chiffres plus élevés que certains de nos voisins européens, qui alertent les collectifs et les associations.
Jeudi 9 mai, dans la Nièvre, un couple d’une soixantaine d’années est retrouvé mort à son domicile. Selon les enquêteurs, il s’agit d’un féminicide suivi d’un suicide. Depuis le début de l’année, c’est la 52e femme assassinée par son conjoint ou ex-conjoint. En 2018, elles étaient 120, victimes de féminicides. Depuis bientôt trois ans, le collectif « Féminicides par compagnons ou ex » recense les féminicides conjugaux en France. Chaque nouveau drame est raconté sur un post Facebook, « pour que ces femmes restent encore un peu vivantes ».
Le collectif a aussi créé une carte interactive. Chaque point permet de découvrir les circonstances, le lieu et les résultats de l’enquête pour chaque meurtre. La carte répertorie aussi les cérémonies d’hommage aux victimes et les lieux de rassemblements contre les violences conjugales et féminicides.
La France en retard sur ses voisins européens
En 2015, selon les chiffres Eurostat, l’Allemagne et la France étaient en tête des pays où l’on recense le plus de féminicides avec respectivement 210 et 142 cas. « C’est parce que la France reste un pays machiste », dénonce une bénévole du collectif, qui souhaite rester anonyme. Les femmes ne sont pas considérées comme égales aux hommes ».
« Il est difficile de tirer des conclusions sur les chiffres avant la fin de l’année, rappelle Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes. Mais ils sont de toute façon très élevés. Certains de nos voisins européens ont des chiffres moins élevés que nous ». C’est le cas de l’Espagne par exemple, qui a mis en place un grand plan de lutte contre les violences faites aux femmes, dès 2004.
« Nous demandons un Grenelle des violences faites aux femmes pour lancer une impulsion collective avec les ministères concernés : Intérieur, Secrétariat d’État chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, Justice et Santé », rajoute Anne-Cécile Mailfert.
Des foyers pour hommes et des bracelets électroniques
Pour le collectif « Féminicides par compagnon ou ex », il faut traiter la violence au coeur. « Les mesures actuelles sont pour recoller les morceaux. La femme est encore responsable : si elle dénonce les violences, elle quitte la maison et s’engage vers un parcours lourd, vers des foyers, s’il y a de la place. »
Pour inverser la tendance, la bénévole prend l’exemple des foyers pour hommes, comme il en existe au Canada, mais aussi en France. Le Home des Rosati, à Arras dans le Pas-de-Calais, héberge jusqu’à huit hommes en mesure d’éloignement…
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